L’INFOX :
Quand la République fait chambre commune 

Une cohabitation sous les draps de la Ve République
Le 23 mars 1993, François Mitterrand et Édouard Balladur emménagent officiellement dans la même maison : pas l’Élysée, non, mais un duplex institutionnel fait de lois, de compromis… et de doubles matelas idéologiques. Cette colocation présidentielle et gouvernementale est surnommée la cohabitation de velours, sans doute parce que le terme nuit de noces sous tension était déjà pris.
Imaginez : un président socialiste et un Premier ministre gaulliste obligés de partager la salle de bains constitutionnelle tous les matins. Mitterrand laisse traîner ses idées de gauche sur le carrelage, pendant que Balladur ajuste ses cravates libérales devant le miroir du pouvoir.
« Édouard, tu peux baisser le néolibéralisme ? J’essaie de relire Rousseau dans la baignoire. »
« François, tu pourrais arrêter de nationaliser la machine à café ? »
Le Conseil des ministres devient alors une sorte de thérapie de couple, où chacun essaie de ne pas claquer la porte tout en posant ses conditions de garde partagée sur la réforme des retraites.
« Nous sommes d’accord pour ne pas l’être », aurait soufflé Mitterrand, tout en planquant la télécommande du pouvoir derrière un décret.
L’INFO :
La deuxième cohabitation, un moment rare et feutré de la Ve République 
Contexte : Les élections législatives de 1993
Le 21 et 28 mars 1993, la droite remporte largement les élections législatives, mettant fin à une période de majorité socialiste. Résultat : François Mitterrand, président socialiste élu en 1981 puis réélu en 1988, est contraint de nommer un Premier ministre issu de la droite, en l’occurrence Édouard Balladur.
Il s’agit de la deuxième cohabitation sous la Ve République, après celle entre Mitterrand et Jacques Chirac de 1986 à 1988.
Définition : qu’est-ce qu’une cohabitation ?
Une cohabitation, en régime semi-présidentiel, se produit lorsque le président de la République et le Premier ministre n’appartiennent pas à la même majorité politique. Le président nomme alors un Premier ministre issu de la majorité parlementaire, ce qui crée une dyarchie du pouvoir exécutif.
Une cohabitation dite « de velours »
Contrairement à la première cohabitation (1986–1988) marquée par des tensions entre Mitterrand et Chirac, celle de 1993 à 1995 est plus apaisée. D’où le surnom de cohabitation de velours.
Mitterrand, affaibli politiquement et physiquement (il souffre d’un cancer), choisit de se montrer discret.
Balladur, homme pondéré et modéré, gouverne sans chercher l’affrontement.
Les deux hommes partagent une certaine élégance institutionnelle et un souci de stabilité républicaine.
Bilan de cette cohabitation
Thème | Actions majeures sous Balladur (1993-1995) |
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Économie | Libéralisation de certains secteurs, privatisations |
Réformes sociales | Allégement des charges pour les entreprises |
Relations internationales | Politique de continuité avec l’Élysée |
Ambiance générale | Peu de conflits ouverts entre Matignon et l’Élysée |
Cette cohabitation marque la montée en puissance de Jacques Chirac, alors en retrait mais préparant déjà la présidentielle de 1995. Elle s’achève en mai 1995 avec la fin du second mandat de Mitterrand et l’élection de Chirac à la présidence.
Catégories : Histoire – Politique
Crédit Photo : Grok 3