Porte Saint-Martin du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand. A vue de nez, c’est un triomphe !

L’INFO :

Le 28 décembre 1897, le rideau se lève au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris pour la première représentation de « Cyrano de Bergerac », une pièce en cinq actes écrite par Edmond Rostand. Cette soirée marque un tournant décisif dans l’histoire du théâtre français, consacrant Rostand et son œuvre au panthéon des classiques.

Contexte de la création

À la fin du XIXᵉ siècle, le théâtre français est dominé par le naturalisme et le symbolisme. Edmond Rostand, alors âgé de 29 ans, choisit de s’écarter de ces courants en proposant une « comédie héroïque » en vers, renouant avec la tradition du drame romantique. Inspiré par la vie de Savinien de Cyrano de Bergerac, écrivain et bretteur du XVIIᵉ siècle, Rostand crée un personnage à la fois flamboyant et touchant, incarnant l’esprit de bravoure et de sacrifice.

La genèse de la pièce

La rédaction de « Cyrano de Bergerac » est motivée par la demande de l’acteur Constant Coquelin, dit Coquelin aîné, qui cherche un rôle à sa mesure. Rostand se lance alors dans l’écriture de cette pièce ambitieuse, mêlant poésie, action et émotion. La préparation est intense, avec des répétitions menées tambour battant sous la direction de Louis Péricaud, metteur en scène de renom.

La première représentation

Le soir du 28 décembre 1897, le tout-Paris se presse au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. La distribution est prestigieuse :

– Cyrano de Bergerac : Constant Coquelin

– Roxane : Maria Legault

– **Christian de Neuvillette** : Maurice Volny

– Comte de Guiche : Maxime Desjardins

– Ragueneau : Jean Coquelin

Dès les premières répliques, le public est conquis. Les tirades enflammées de Cyrano, sa verve poétique et son panache suscitent l’enthousiasme. Les scènes d’escrime, les moments de tendresse et les pointes d’humour rythment la soirée. À la fin de la représentation, les applaudissements fusent, durant plus d’une heure et provoquant quarante rappels. Rostand, ému aux larmes, est appelé sur scène, où il reçoit une ovation triomphale.

Réception critique et succès populaire

La presse est unanime dans ses éloges. Le **Figaro** qualifie la pièce de « chef-d’œuvre », tandis que d’autres saluent la « renaissance du théâtre en vers ». Quelques voix discordantes critiquent toutefois le caractère jugé « conventionnel » de l’œuvre, mais elles sont vite éclipsées par l’enthousiasme général.

Le succès est tel que la pièce est jouée 200 fois de suite, puis reprise avec la même distribution en 1900 jusqu’à la 600ᵉ en 1902. Les spectateurs affluent, séduits par la richesse des vers, la profondeur des personnages et l’universalité des thèmes abordés : l’amour, l’honneur, le sacrifice et la quête de soi.

Impact culturel et postérité

« Cyrano de Bergerac » devient rapidement une œuvre emblématique du théâtre français. Le personnage de Cyrano, avec son célèbre nez et son panache, entre dans l’imaginaire collectif. La pièce est traduite dans de nombreuses langues et connaît des adaptations multiples, au théâtre, au cinéma et à l’opéra.

Parmi les adaptations notables, on peut citer le film de 1990 réalisé par Jean-Paul Rappeneau, avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre, qui remporte un succès international et plusieurs récompenses. La pièce inspire également des œuvres dérivées, témoignant de son influence durable sur la culture populaire.

Conclusion

La première représentation de « Cyrano de Bergerac » le 28 décembre 1897 reste un moment phare de l’histoire théâtrale. Elle illustre la capacité du théâtre à émouvoir, à divertir et à toucher l’âme humaine. Edmond Rostand, en créant cette œuvre magistrale, offre au monde un personnage inoubliable, symbole d’amour et de bravoure, dont l’écho résonne encore aujourd’hui sur les scènes du monde entier.

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Catégories : Histoire – Théâtre

Crédit Photo : Image générée par l’IA de Dall E3